Carnet de voyage

Trois jours pour visiter Toulouse

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Elle est la plus grande ville d’Occitanie, la plus peuplée aussi, mais elle a, dit-on, gardé son âme de village. Le temps d‘un week-end, entre brumes matinales et soleil d’automne, Toulouse se découvre conforme à sa réputation : historiquement riche, remarquable par son architecture, jeune, high-tech, bourrée d’attraits.

Toulouse, la ville rose riche en patrimoines

Le temps d‘un week-end, entre brumes matinales et soleil d’automne, Toulouse se découvre conforme à sa réputation : historiquement riche, remarquable par son architecture, jeune, high-tech, bourrée d’attraits.

Nous sommes en début d’après-midi lorsque je sors du métro, station « Capitole. » Il ne m’aura fallu guère plus de dix minutes pour rejoindre le centre-ville depuis la gare. En face de moi, l’ancienne tour des archives du XVIe  siècle abrite l’office de tourisme. Pratique. Je traverse le passage qui s’ouvre devant moi et je suis place du Capitole. La façade néo-classique du bâtiment, siège de l’Hôtel de Ville et du théâtre, haut lieu de l’art lyrique en France, aligne ses huit colonnes de marbre rose face aux arcades qui courent autour de la vaste place. L’élégante architecture de brique confère à l’ensemble un air d’Italie. Ici, bat le cœur névralgique de Toulouse.

Resserré entre Garonne et canal du Midi, le centre-ville est petit, eu égard à son agglomération et sa population exponentielle : un atout pour le touriste qui en deux ou trois jours peut aisément en faire le tour à pied ou à vélo. Je prends la direction de mon hôtel. Mille détails architecturaux attirent l’œil comme un aimant. Il va falloir la jouer fine pour ne pas en perdre une miette. Mon itinéraire est bordé. C’est parti !

Je me déleste de mes affaires et me voilà sur les quais de la Garonne. Depuis le Pont-Neuf, la vue en jette !

Rive droite, Notre-Dame de la Dalbade, la place de la Daurade et les quais bordés de platanes ; rive gauche, l’Hôtel-Dieu et le dôme de l’hôpital de La Grave ; en face le pont Saint-Pierre ; au-delà, les toits du centre historique se détachent dans une douce lumière. Sur un périmètre de 5 kilomètres à peine, je m’offre en un après-midi un condensé de patrimoine et de culture. En bord de Garonne, le patrimoine industriel a belle allure : le château d’eau, première galerie photographique publique en France ; les anciens abattoirs, aujourd’hui musée d’art moderne et contemporain ; l’espace EDF Bazacle, centrale hydroélectrique et lieu d’exposition en balcon sur la Garonne.

En s’enfonçant dans les ruelles, c’est un festival de monuments surgis du passé : l’église Saint-Pierre-des-Cuisines, la basilique Saint-Sernin, un des plus beaux exemples d’art roman méridional, le musée Saint-Raymond et ses collections archéologiques, la rue du Taur, la chapelle des Carmélites, le Capitole, bien sûr, son théâtre à l’italienne et sa salle des Illustres. En fin de journée, je suis à la terrasse du Café des Artistes, le soleil offre son dernier spectacle avant de disparaître derrière le dôme de La Grave. L’animation des quais ne tarit pas. C’est étudiant, c’est jeune, c’est international. La nuit tombe, Toulouse est dans la rue.

Toulouse, la cité des savoirs et de la convivialité

Au matin, les quais sont noyés dans la brume. J’enfile une paire de baskets pour un footing au bord de la Garonne.

Les silhouettes fantomatiques des bâtiments découvrent un nouveau paysage. Quai Lombard, pont Saint-Pierre, Prairie des Filtres, pont Saint-Michel, quai de Tounis.

Je bifurque vers la place des Carmes. Là où jadis se trouvait une halle de style Baltard, se dresse aujourd’hui un imposant vaisseau blanc : au rez-de-chaussée, un marché couvert, au-dessus, un parking, et autour, des magasins de bouche, des restaurants et des cafés qui assurent l’animation du quartier depuis le petit matin jusque tard dans la nuit.

Le meilleur spot pour voir Toulouse ? Le Pont-Neuf, de jour comme de nuit. De là, les monuments y dessinent une skyline particulièrement photogénique.

La suite sera consacrée à la visite du quartier des Sciences. Je traverse le quartier de la Bourse. De fripes, en boutiques de créateurs, en disquaires, je me laisse distraire, et bientôt je me retrouve entre les rayons de la librairie Ombres Blanches, temple de la littérature et du papier. Au bout d’une heure, je m’arrache aux rayons, la mort dans l’âme, emportant quelques perles dénichées parmi les éditions indépendantes… car nul n’a jamais vu quiconque en sortir les mains vides, dit-on. Je traverse la place Saint-Georges où cafés et restaurants font terrasses combles, puis la place Saint-Étienne avec sa cathédrale, une curiosité, mélange de styles d’époques variées, qui matérialise l’entrée des vieux et beaux quartiers de Toulouse. Ici se sont établis antiquaires et galeristes. En déambulant à travers les rues étroites, on devine derrière les hauts murs et les porches, les jardins des hôtels particuliers.

J’arrive à l’entrée du Jardin des Plantes, auquel s’adosse le nouveau quartier des Sciences.

Depuis les allées Jules Guesde, l’enfilade de bâtiments offre un ensemble d’une belle harmonie architecturale. Entre les murs de l’ancienne faculté de médecine, le Quai des Savoirs est le nouveau lieu de diffusion et de partage de la culture scientifique. À côté, le Muséum d’histoire naturelle, ouvert en 1865, est aujourd’hui un musée à la pointe, l’un des plus fréquentés de Toulouse, réputé pour la qualité de ses expositions. L’île de Pâques occupe en ce moment le cœur du propos. Je me lance sur les pas de Pierre Loti pour tenter de percer l’épais mystère qui entoure ce bout de terre du bout du monde. À l’issue de la visite, mes jambes réclament une pause. Sur une pelouse, au soleil, de préférence.

Dans les allées romantiques du Jardin des Plantes, entre un amour de marbre et un couple de canards, je tire un livre de mon sac. La fraîcheur me rappelle à l’ordre. À 18 heures, c’est Happy Hour avec l’Orchestre national du Capitole. Soit une heure montre en main pour s’initier aux grandes œuvres du répertoire sous la direction des chefs d’orchestre les plus en vue de la planète. Dans l’ancienne halle aux grains, réputée pour ses vertus acoustiques, on nous sert en guise d’apéritif une valse de Ravel.

Le concert s’achève, il est encore tôt. Je grimpe au dernier étage des Galeries Lafayette. « Ma Biche sur le Toit » est l’un des nouveaux lieux toulousains où l’on vient se restaurer ou boire un verre en profitant de la vue panoramique. Ici le clocher de Saint-Sernin, là les toits du musée des Augustins…

Ce matin, le temps est beau. Je m’installe en terrasse place Saint-Georges et commande un café-croissant.

Nous sommes dimanche, la ville a changé de rythme. La frénésie du samedi a laissé place à une certaine nonchalance, la circulation est clairsemée. Au bras des passants se balancent des boîtes griffées aux couleurs des pâtisseries historiques : Conté, Pillon, Au Poussin Bleu… À la première station vélo, j’enfourche une bicyclette et me dirige vers le canal du Midi. Aux abords de la place Saint-Aubin, l’animation s’accentue. C’est jour de marché, les Toulousains se ravitaillent en direct auprès des producteurs de la région. Les berges du canal affichent, elles aussi, une belle fréquentation.

Dans quelques jours, en trois coups de pédale, les Toulousains se rendront au quartier Montaudran en pleine mutation, où François Delarozière, génial inventeur des monumentales Machines de l’île de Nantes, installe à demeure ses géants de métal. Un évènement !

En fin de matinée, je rejoins le marché Victor Hugo, lieu incontournable des dimanches toulousains. Bacquié pour le café et l’épicerie fine, Pillon pour les chocolats et les pâtisseries, Busquets pour les vins et les spiritueux, Xavier ou Betty pour le fromage… Autour de la place s’alignent les commerces historiques de la ville, et sous le marché couvert, les maisons toulousaines les plus fameuses ont leur loge. Entre les étals des bouchers, poissonniers, crémiers, primeurs, l’effervescence est à son comble. Accoudé au comptoir, on y déguste indifféremment quelques huîtres, un plateau de charcuterie, un petit noir ou un blanc sec. À l’étage, les restaurants du marché se remplissent.

L’après-midi est avancé. Je récupère mes affaires à l’hôtel. Au bord de l’eau, les promeneurs prennent un bain de soleil, bercés par le cri des mouettes, tandis que la Garonne, imperturbable, suit sa course vers l’océan. La réputation de Toulouse n’est pas usurpée : le lifestyle toulousain a des airs de vacances, c’est un fait.